Régime Low Carb : le témoignage d’Arnaud au bout de 24 mois de régime
En septembre 2016, Diabete Infos publiait le témoignage d’Arnaud et de son expérience avec le Régime Low Carb (Régime Low Carb et Diabète partie 1 – Les 6 premiers mois d’Arnaud). 18 mois plus tard, Arnaud nous propose la deuxième partie de cet article concernant son expérience avec ce régime pauvre en glucides. Cela fait deux ans qu’il mange environ 30 grammes de glucides par jour et s’en porte pour le mieux.
Comment je vis avec mon diabète et sans (trop de) glucides – Partie 2
Diabetes solution, un guide complet pour avoir une glycémie « normale »
Dr Bernstein’s Diabetes Solution est un ouvrage dont le contenu me parait important. Selon les préconisations de ce diabétologue américain, lui aussi diabétique de type 1, la régularité est importante.
Dans ce livre, il explique qu’une personne diabétique «mérite d’avoir des glycémies normales» comme une personne non diabétique. La cible parfaite serait d’être toujours à 0,83mg/dl que ce soit avant, pendant et après les repas.
Il est sûr que même un non diabétique voit ses glycémies varier. Pas de panique, ce n’est qu’une cible de réglage. Cette glycémie parfaite permettrait d’avoir une HbA1C inférieure à 5%, plutôt 4,5%.
Mes repas avec le régime Low Carb
Je ne compte pas les calories, je me base juste sur une quantité théorique de protéines que je dois assimiler par jour (1,2 g/kg de masse corporelle sèche pour ma part). Je complète ensuite avec des légumes, des fromages, fruits à coques. J’aime cuisiner, et heureusement puisque j’ai banni les produits transformés. Ils contiennent trop d’ingrédients pour être sans effets. Cependant, je ne me lasse jamais de ce que je mange car les possibilités sont infinies.
Les livres offrant des recettes type cétogène sont nombreux et permettent d’avoir de nouvelles astuces de cuisine. Je cuisine très souvent avec du beurre, de l’huile de coco, de l’huile d’olive. Je ne chauffe pas trop pour ne pas dénaturer les matières grasses (jamais plus de 180°C). Le goût est dans le gras ! Tous les cuisiniers savent ça. Je profite ainsi de toutes les saveurs de bons œufs fermiers du coin juste brouillés avec quelques épices, de brocolis revenus à la poêle ou de pizza faites à base de fromage râpé. Tout est possible…
Rappel : Adieu les féculents, fruits, céréales et bonjour les légumes à feuilles, les bons lipides. On pourrait se dire, ah oui mais qu’en est-il des nutriments essentiels ? A-t-il des carences en vitamines faute de fruits ou autre chose ? Je cherche toujours mais rien ne manque. Je crois même être moins malade qu’avant, plus de sinusite, rhumes à répétitions.
Résumé de ces derniers mois avec le régime Low Carb
Pour commencer, Je dois avouer que ce mode d’alimentation, car ce n’est pas un régime ponctuel mais vraiment une façon de vivre maintenant, me permet de vivre normalement. Je peux pratiquer la course à pieds comme je l’entends sans me soucier plus que les autres de mes ravitaillements, capacités physiques. Pour preuve, j’ai effectué un stage de trail cet été en montagne pendant trois jours sans soucis particulier. Bon, OK, j’étais cuit mais comme tout le monde. C’est normal je pense après 52 km à courir et monter plus de 3000 mètres de dénivelé positif, non ?
On peut voir plusieurs choses grâce à ce graphique.
Tout d’abord, mon diabète est relativement équilibré dès le début grâce à la lune de miel. Pour beaucoup, une HbA1C en dessous de 7% est déjà très bien. Cependant, ma cible est plutôt vers les 5% voire moins. Dans cet objectif, on s’aperçoit que l’alimentation pauvre en glucides m’a permis de faire diminuer progressivement cette constante tout en me permettant pendant un temps de ne plus m’injecter d’insuline. Cela est dû au fait que mon pancréas, grâce à ces glycémies « normales », est capable de continuer de fonctionner un peu. Au bout d’un certain temps tout de même, un rebond de mon HbA1C (5,7% en mai 2017), m’a fait comprendre qu’il allait falloir que je l’aide. Je prends donc la décision, avec l’accord de mon diabétologue toujours, de reprendre les injections.
Mon traitement actuel
Pour l’insuline basale, je choisi d’utiliser la Levemir® car celle-ci a une action de 12 heures. Cette durée est intéressante car elle permet d’être plus précis pour les phases d’activité et de repos et évite d’avoir une action trop importante lors de mes activités physiques. Pour la régler, je me teste à jeun et 4 heures après mon injection je prends à nouveau ma glycémie. Si je suis à moins de 10 mg/dl de ma cible, c’est tout bon. Comme je l’injecte au coucher et au lever, je fais le test en plusieurs fois. Il me faudra moins d’une semaine pour trouver le bon dosage : 3 unités au coucher, 2,5 unités au lever. (Ah oui, j’utilise des stylos me permettant de faire des demi-unités, c’est très utile pour les enfants ou pour ceux qui ont besoin de doses faibles). Pour ce qui est des corrections, elles sont de deux types. Les bolus pour les repas et les ajustements en journée, en dehors des repas.
J’utilise pour cela 2 types d’insulines rapides : la Novorapid® et l’Actrapid®.
La Novorapid® me sert pour corriger mes glycémies en dehors des repas. C’est la première insuline que j’injecte au réveil pour « casser » l’effet de l’aube. Ensuite, si dans la journée je suis au-dessus de mon objectif, il m’arrive d’injecter 1 ou 2 unités au besoin.
L’Actrapid® sert pour les repas. Son avantage vient de sa longueur d’activité, environ 5 heures sachant que celle-ci commence au bout de 45 minutes. Comme les repas sont pauvres en glucides, les pics de glycémie sont faibles. En revanche, les protéines sont transformées en partie en glucides, c’est la néoglucogenèse. Ce processus est lent et dure entre 2 heures et 3 heures après le repas. Comme l’Actrapid® dure environ 5 heures, son activité colle avec la montée de la glycémie après le repas. Cela me permet d’avoir des courbes de glycémies relativement plates et des valeurs qui ne s’éloignent pas trop de mon objectif.
Cette façon de faire est différente de ce qu’on m’a enseigné à l’hôpital. Mais essayer de faire coïncider un pic étroit d’activité d’une insuline très rapide avec une pic indéterminable de glycémie dû à une alimentation riche en glucides ne m’a jamais réussi. Grâce à cette façon de faire, finies les hypoglycémies après les repas et les hyperglycémies à plus de 1,5 mg/dl. Je ne suis pas trop un extrémiste sur les calculs de ratios insuline/protéines, insuline/glucides. Mes portions sont assez souvent similaires (en quantité et non en qualité). Je peux donc tâtonner pour trouver le bon dosage. En fonction de ma faim et de la taille du repas à venir, j’injecte donc entre 3 et 4 unités d’Actrapid® à chaque repas. Les erreurs me coutant en général une hyperglycémie de 0,2 mg/dl au pire au-dessus de la cible. Un contrôle 3 heures après le repas permet de se rassurer sur cette valeur et si nécessaire, je donne un coup de pouce avec la Novorapid®.
Les points sous surveillance
Il reste toujours une zone d’ombre concernant mes résultats sanguins et mon taux de LDL (« mauvais cholestérol » selon le corps médical au pouvoir).
Ce taux est trop élevé selon mon diabétologue, même si lui-même n’a pas de retour sur une population de DID avec des HbA1C de non diabétique avec de pareils taux.
Je suis un cas à part en plus car les personnes qui suivent le même régime que moi voient leur taux de LDL monter au début, en effet, mais celui-ci baisse et devient mieux qu’auparavant au bout de quelques mois.
Donc j’attends toujours une diminution de ce taux pour rassurer tout le monde et surtout mes médecins. Pour le moment, nous avons effectué un doppler des artères cervicales et elles se portent très bien sans aucune trace d’accumulation ou de rétrécissement. Il faut tout de même noter que pour la plupart de ceux qui mangent low-carb, et moi-même cette fois, les triglycérides diminuent et le HDL (bon cholestérol) augmente ce qui est positif.
Les points positifs (rappel)
- Plus d’hypoglycémie
- Plus d’hyperglycémie
- Pas de complications en vue, à priori
- Une activité physique libre, sans contrainte
Ceci est mon adaptation à ce mode alimentaire. Il a toujours été effectué sous contrôle de mon diabétologue et surtout sous contrôle étroit de mes glycémies.
Voici pour la partie 2 du témoignage d’Arnaud, au bout de 18 mois de régime Low Carb. Comme il l’explique, ce régime ne peut être entrepris qu’en étroite collaboration avec son diabétologue.